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Le Monde, supplément spécial
Sur les épaules de Jean-Claude Ameisen
Le chercheur propose, sur France Inter, un rendez-vous mêlant science et éthique
Il y a de quoi sourire en imaginant la réaction de Philippe Val et Jean-Luc Hees à la lecture du message posté par un internaute sur le forum de l'émission de Jean-Claude Ameisen « Sur les épaules de Darwin ». L'internaute écrit : « Wahou ! La claque ! Moi qui avais plus ou moins déserté France Inter depuis les départs de Calvi, Demorand, Lange, Porte. J'aurais pourtant dû savoir que France Inter est toujours capable de me surprendre. Tombé sur l'émission par hasard, j'ai dû interrompre la préparation du repas pour bien l'écouter. (...) C'est le genre d'émission qui me fait me sentir intelligent (...). Sciences et philosophie, avec un doigt d'histoire et un soupçon de littérature. Quel heureux mélange et quelle -belle voix ! Merci. »
Des messages comme celui-ci, le forum de cette émission, apparue en septembre, en regorge. Le patron de France Inter, Philippe Val, et celui de Radio France, Jean-Luc Hees, se mordent-ils les doigts de regret en pensant à d'autres programmes de leur grille qui sont loin de remporter une telle adhésion du public ? Réalisent-ils que si les auditeurs s'enthousiasment autant pour cette émission, c'est certes pour ses qualités propres, mais aussi parce qu'elle se distingue d'autres programmes, nettement moins convainquants, de la chaîne ?
À LA MANIÈRE D'UN CONTEUR
L'idée de proposer une émission hebdomadaire ambitieuse et exigeante, mêlant science et éthique , revient à Philippe Val. C'est lui qui a incité le médecin et chercheur, professeur d'immunologie à l'université Paris-Diderot et président du comité d'éthique de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), à prendre les commandes d'une émission à la rentrée.
Seul (avec le soutien toutefois d'Ophélie Vivier, attachée de production), sans chroniqueur, et souvent même sans invité, Jean-Claude Ameisen fait donc entendre ses connaissances et sa belle voix. Il aborde ainsi des questions complexes liées à l'éthique médicale, des sujets sérieux, parfois graves, qu'il évoque d'un ton calme, à la manière d'un conteur. « L'idée est de montrer que la science et la réflexion éthique sont un moyen de comprendre le monde », explique le chercheur, qui croit à « la valeur du débat -éthique et sociétal, au choix libre et informé », en matière d'éthique biomédicale, mais aussi pour l'ensemble de la démocratie.
Et lorsqu'on lui demande s'il est judicieux d'apparenter sa démarche à de la vulgarisation scientifique, il répond avec finesse : « Le but n'est pas d'expliquer, c'est de donner accès de manière indirecte, de montrer de quoi il s'agit, de faire autant appel à la compréhension qu'à une forme de rêve ou de poésie. Et de donner envie aux gens de penser que c'est familier, de leur permettre de s'approprier l'essentiel pour que par eux-mêmes ils aillent plus loin ensuite. »
Hélène Delye
24 octobre 2010