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Université Nice Sophia Antipolis - Les lundis de la connaissance

 

La pensée de Darwin aujourd’hui : permanence et métamorphose d’un héritage
Conférence / Débat : Jean Claude Ameisen

« Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses », a écrit Paul Éluard. Ce que la science nous révèle du grand récit de nos origines est source à la fois d’un sentiment d’humilité et d’émerveillement.

« [La question de savoir] de quelle manière les capacités mentales se sont développées à l’origine dans les organismes les plus simples est une interrogation aussi vaine, écrit Darwin, que de se demander comment la vie elle-même est apparue à l’origine. Ce sont là des problèmes pour le futur distant, si tant est qu’ils soient jamais résolus par l’homme. »

Près d’un siècle et demi plus tard, ces problèmes sont devenus des sujets de recherche. Comment la vie a-t-elle pu – peut-elle – émerger de la matière ? Comment la conscience, les émotions, et l’intersubjectivité ont-elles pu – peuvent-elles – émerger à partir de réseaux de cellules nerveuses ? Et pourraient-elles émerger d’autre chose que d’un corps vivant ? D’une machine ?

La théorie darwinienne n’a pas seulement transformé l’ensemble des sciences du vivant, de l’échelle moléculaire à celle des grands équilibres écologiques. Elle s’est diffusée à l’étude de l’évolution des langues, des réseaux de communication, de l’économie, aux stratégies de développement des nouvelles générations de machines et de robots capables d’évoluer et de s’adapter, y compris à l’échelle de l’atome, l’échelle des nanotechnologies.

Elle a aussi profondément transformé notre culture. Les dérives tragiques auxquelles elle a conduit au siècle dernier ont été à l’origine de l’émergence de l’éthique biomédicale moderne, d’une réflexion sur la meilleure façon de mettre les avancées de la connaissance au service de chacun, sans instrumentaliser ni emprisonner des personnes dans ce que l’on croit avoir appris sur elles. Chaque personne est toujours plus que ce qu’on peut en comprendre et en décrire.
Nés d’une évolution sans projet, nous sommes devenu d’autant plus responsables de notre conduite. Et il nous faut inventer librement notre avenir, en tissant sans cesse les liens fragiles qui fondent notre commune humanité, dans le respect de la singularité et de la vulnérabilité de chacun.


Lundis de la connaissance
 

8 mars 2010

 
 

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